Les pieds dans mes chaussures

Mon vélo est un tout petit peu trop grand pour moi. Parfois quand je suis à l’arrêt, au feu rouge, je manque de tomber. Je suis pieds nus dans mes babies, j’aime bien le contact du cuir un peu sale sur ma peau… J’aime bien flotter dedans et sentir bouger la coque de ma chaussure autour de mon pied. C’est à ça que je joue quand je suis au feu rouge. Parfois je ne le vois pas passer au vert.
Je pédale vivement, le temps se rafraîchit et c’est très agréable. Je suis mieux depuis qu’il fait plus frais… Je me sens plus légère.
Le ciel est chargé de gros nuages d’orage, le vent souffle dans les arbres, tout bruisse et je file sur la route. Plus j’avance et plus j’ai l’impression que la grippe qui collait à mon corps se décolle. C’est le vent qui la décolle en couches successives.
Des gouttes de pluie commencent à tomber, elles sont minuscules, comme éclatées… Elles rafraîchissent sans mouiller et je lève mon visage pour qu’il reçoive ces étincelles d’eau. J’ouvre un peu la bouche aussi. C’est si frais !
Une odeur de poussière mouillée monte du sol, je dirais même une odeur de terre mouillée mais il y a si peu de terre ici, en ville. Je me dis que ça sent l’arc-en-ciel.
Je pédale encore et encore… En passant devant l’épicier arabe je renonce à m’arrêter tellement cet instant est délicieux. Tant pis pour les biscuits devant le DVD, je préfère rouler sous la pluie.
Maintenant je reçois de grosses gouttes et je roule un peu plus vite… Cette eau me lave de tout ce qui m’a fait mal dernièrement, de toutes les choses belles et difficiles qui sont arrivées.
Je lève les yeux et au bout de la rue un arc-en-ciel apparaît. Vite, un vœu !
Je murmure : « Un bébé, je voudrais un bébé . »

Comments

[patrick]

J'aime bien ce texte .

[O.]

C'est très joli, Lili